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continent, pour échapper aux accusations violentes qui s’élevoient contre lui ; les Hollandois, avec qui, par l’effet de ces passions haineuses et cupides qui le poussoient à continuer la guerre, il avoit fait un traité peu honorable pour l’Angleterre et ruineux pour son commerce[1], achevèrent d’irriter la reine par l’insolence de leurs prétentions ; elle ne fut pas moins mécontente de l’obstination que mirent les alliés à poursuivre leurs opérations militaires, malgré l’opposition qu’elle y avoit publiquement manifestée ; et une suspension d’armes fut arrêtée entre les deux couronnes.

Cependant le prince Eugène, resté seul à la tête des confédérés, après avoir pris le Quesnoi, étoit sur le point de s’emparer de Landrecies, et tandis que les conférences pour la paix générale s’ouvroient à Utrecht, Louis XIV n’étoit pas en sûreté à Versailles, et l’on agitoit dans son conseil s’il ne se retireroit pas derrière la Loire : la bataille de Denain, gagnée par

1 C’est le traité connu sous le nom de la Barrière. Les États-Généraux s’engageoient à maintenir la succession à la couronne d’Angleterre dans la ligne protestante, et le cabinet anglois prenoit de son côté l’engagement de concourir avec ses alliés à s’emparer à leur profit de tous les Pays-Bas espagnols, et d’autant de Villes fortes qu’il seroit nécessaire pour les mettre à couvert tant du côté de la France que de toutes les autres puissances qui les avoisinoient. Ce traité prodigieux souleva justement la reine et toute l’Angleterre contre celui qui en étoit l’auteur.