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bataille de Saragosse perdue, depuis son départ, avoit rouvert les portes de Madrid à l’archiduc ; et pour la seconde fois, tout, de ce côté, sembloit encore désespéré, lorsque l’arrivée de Vendôme changea tout à coup la face des choses. Malheureux en Flandre et quelquefois même en Italie, un bonheur constant l’accompagna dans cette guerre d’Espagne qui fait presque toute sa gloire. Aidé de cette affection que la nation espagnole conservoit pour Philippe, il répara par son activité, par sa popularité, par sa générosité qui lui gagnoient les cœurs des soldats, toutes les fautes qui avoient été commises ; ses manœuvres habiles empêchèrent la jonction de l’armée portugaise à celle des alliés ; l’archiduc à peine entré à Madrid fut forcé d’en sortir et de regagner Barcelonne ; enfin la bataille de Villa-*

semblé suspectes, furent arrêtés. Le duc d’Orléans fut un moment considéré comme un traître, et, en France comme en Espagne, il n’y eut qu’un cri contre lui. Or il fut bientôt démontré que si ce prince avoit eu quelques vues sur la couronne d’Espagne, ce n’avoit été que dans le cas d’une renonciation formelle de Philippe, dont il étoit déjà question même dans le cabinet de Versailles, et qu’il sembloit, vu la situation critique où se trouvoient ses affaires, assez disposé à faire. Ce n’étoit point à lui, mais à l’archiduc d’Autriche, que le duc d’Orléans vouloit, dans un tel cas, tenter d’enlever cette couronne ; et un tel projet, qui ne blessoit point la justice, avoit quelque chose de louable et de grand. Le véritable crime du duc d’Orléans étoit de s’être montré en diverses occasions opposé aux vues ambitieuses de la princesse des Ursins, et d’avoir lancé sur elle quelques sarcasmes trop piquants.