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une partie de son armée pour aller défendre la Provence, où le prince Eugène et le duc de Savoie venoient de faire invasion. Ils échouèrent, à la vérité, dans l’entreprise du siége de Toulon, mais enfin la France vit ses ennemis au cœur de ses provinces. Cependant le successeur de Léopold[1], Joseph I, commandoit en maître dans toute l’Italie indignée, et par les plus injustes violences, forçoit le pape à reconnoître l’archiduc comme roi d’Espagne ; en même temps les Anglois s’emparoient de la Sardaigne, des îles de Maïorque et Minorque, des ports que l’Espagne avoit sur les côtes d’Afrique, et lui enlevoient ainsi, pièce à pièce, tout ce qu’elle possédoit hors de la péninsule. Ce fut à cette même époque, et au milieu de tant de revers, que Louis XIV eut le courage de tenter, sur les côtes d’Angleterre, une diversion en faveur du fils de Jacques II, qu’il avoit reconnu pour roi d’An-*

1 Ce prince, d’un caractère hautain et impérieux, abusa violemment de la victoire, tant à l’égard des princes de l’Empire qui avoient suivi le parti de la France et de l’Espagne, qu’à l’égard des princes italiens qui s’en étoient faits les auxiliaires. Mais ce fut surtout contre le pape que ses persécutions prirent un caractère plus odieux ; elles n’alloient pas moins qu’à le dépouiller d’une grande partie de ses états, et ne cessèrent que lorsqu’il eut obtenu de lui cette reconnoissance des prétendus droits de l’archiduc, reconnoissance évidemment arrachée par la force, qui fut considérée comme telle par toutes les puissances de l’Europe, et que Philippe V eut seul le tort de prendre au sérieux.