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cette ancienne aristocratie, qu’il vouloit achever d’asservir, n’en étoit que plus abaissée ; et cependant ces instruments vulgaires de sa puissance absolue, et à qui son intention étoit de la communiquer dans toute sa plénitude, ne pouvoient lui causer aucun ombrage, parce que, n’ayant rien en eux-mêmes de solide et qui pût leur laisser la moindre consistance après qu’il les auroit abattus, ils retomboient par leur propre poids, et dès qu’il lui plaisoit de les abattre, dans toute la profondeur de leur néant. Il en résultoit encore que cette situation, tout à la fois si brillante et si périlleuse, dans laquelle ils se trouvoient si brusquement transportés, le rendoit plus assuré de leur aveugle et entier dévouement. Tels furent en effet les ministres de Louis XIV, qui le trompèrent sans doute quand ils eurent intérêt à le tromper, et quelques-uns d’eux, autant qu’ils le voulurent, mais plus servilement qu’on ne l’avoit fait avant eux, et sans que jamais leurs manœuvres secrètes portassent la moindre atteinte à ce pouvoir sans bornes dont il étoit si jaloux, et dont, pour leur propre intérêt, ils n’étoient pas moins jaloux que lui. Les choisissant donc constamment dans la plus parfaite roture, pour nous servir de l’expression du duc de Saint-Simon, il se plut à les porter d’abord au faîte des grandeurs, et mit tout au dessous d’eux, jusqu’aux princes de son sang.