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la consternation firent plus que l’épée du vainqueur. On perdit à peine deux mille hommes, et cependant l’armée débandée repassa la frontière, abandonnant à l’ennemi les bagages, les provisions, les munitions, la caisse militaire, et surtout le Milanois, le Mantouan et le Piémont, dont il fit en quelques heures la conquête. Ainsi la bataille de Ramilli venoit d’être perdue pour avoir été ordonnée, celle de Turin le fut pour avoir été défendue.

Quoique les affaires eussent repris une tournure plus favorable en Espagne où la nation presque entière s’étoit soulevée en faveur de Philippe, que ce prince fût rentré à Madrid dont les troupes de l’archiduc avoient un moment pris possession, et que les armées des deux couronnes, commandées par Berwick, eussent regagné presque tout ce que l’ennemi avoit envahi, cependant Louis XIV, qui, dès la bataille d’Hocstet, avoit inutilement employé la médiation du pape et des cantons pour négocier de la paix, consterné des deux catastrophes successives de Turin et de Ramilli, pour la première fois rabattit de sa fierté, et fit des démarches publiques afin d’obtenir de ses ennemis cette paix qu’il leur avoit si souvent dictée. On y mit pour première condition que son petit-fils renonceroit à la couronne d’Espagne ; et il se résolut à continuer la guerre malgré les malheurs et l’é-*