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passèrent les espérances même des vainqueurs. Villeroi qui n’avoit pas su rallier ses troupes après les avoir fait battre, et le duc de Bavière qui commandoit avec lui à cette funeste bataille, se retirèrent sous le canon de Lille, abandonnant en un moment tous les Pays-Bas espagnols et même une partie des nôtres à l’ennemi.

C’étoit le plus grand désastre que la France eût encore éprouvé : le malencontreux Villeroi fut rappelé, et l’on arracha Vendôme à l’armée d’Italie pour venir en Flandre arrêter la marche victorieuse du général anglois. Il alloit pour réparer les fautes d’un autre, et en avoit commis lui-même de très grandes dont le prince Eugène avoit su profiter. Le siége de Turin étoit mal conduit par le duc de La Feuillade, et les intrigues de cour agravoient encore les fautes des généraux. Le jeune duc d’Orléans prit la place du duc de Vendôme, mais sous la tutelle de Marsin qui avoit les ordres secrets du roi. Ces ordres défendoient expressément de livrer bataille au prince Eugène : ce fut une nécessité de la recevoir comme il lui plut de la donner, et malgré tout ce que put dire le duc d’Orléans, qui seul, dans cette circonstance, se montra général et soldat, il fallut attendre l’ennemi dans les lignes, et s’abandonner en quelque sorte à sa merci. Une fois l’attaque commencée, il n’y eut plus que désordre et confusion ; et de même qu’à Ramilli, l’épouvante et