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sa domination. Une armée angloise força celle des deux couronnes à lever ce siége si mal commencé, plus mal conduit, et où elles ne s’étoient pas moins épuisées que devant Gibraltar ; la révolte de l’Arragon leur coupa, dans leur retraite, le chemin de la Castille, et les armées confédérées marchèrent sans obstacle sur Madrid.

Ces revers en amenèrent d’autres : Louis XIV se persuada qu’il n’y avoit qu’un coup décisif dans les Pays-Bas qui pût rétablir les affaires ; peut-être ne se trompoit-il pas, mais ce n’étoit pas au plus malhabile et au plus malheureux de ses généraux qu’il falloit donner une semblable commission. Villeroi fut envoyé à l’armée de Flandre, avec ordre de chercher Malborough, de le combattre et sans doute de le vaincre. Le présomptueux courtisan fit tout ce qu’il falloit pour être battu ; il ne voulut point attendre les renforts que lui amenoit Marsin, pour ne pas partager avec lui l’honneur de la victoire ; choisit un terrain dès long-temps réprouvé par le maréchal de Luxembourg qui n’avoit jamais voulu y hasarder une bataille ; et fit une disposition militaire pire encore que le choix de son terrain. Ainsi fut donnée et perdue la bataille de Ramilli, qu’on peut appeler une déroute plutôt qu’une bataille, puisque la France y perdit à peine quatre mille hommes, mais déroute la plus complète, la plus désastreuse, et dont les suites