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s’empara de la ville de Bonn, sans qu’il fût en leur pouvoir de l’en empêcher.

(1704) Cependant les alliés, qui ne vouloient pas que la couronne d’Espagne et celle d’empereur d’Allemagne fussent réunies sur la même tête, avoient exigé que Léopold et son fils, le roi des Romains, cédassent leurs droits à l’archiduc ; et celui-ci venoit d’être proclamé roi d’Espagne sons le nom de Charles III. Une flotte angloise le porta dans les eaux du Tage, et, au moment même où il débarquoit à Lisbonne, Philippe V déclara la guerre au roi de Portugal, fit invasion dans ses États avec une armée que commandoit le duc de Berwick, et par la rapidité de sa marche et de ses conquêtes, y répandit de toutes parts l’alarme et la consternation[1]. D’un autre côté, la Savoie tout entière

1 Cette expédition, si heureusement commencée, et qui auroit peut-être mis fin à la guerre, manqua par la friponnerie d’Orry, chargé de l’intendance des vivres, et favori de la princesse des Ursins, qui, comme on sait, gouvernoit absolument la reine d’Espagne, et par elle le roi. Il avoit reçu des sommes considérables pour ces approvisionnements, avoit assuré que tout étoit préparé ; et lorsqu’on arriva sur la frontière, on ne trouva ni vivres ni convois. Cet événement pensa perdre la favorite, dont Louis XIV exigea le renvoi ; mais elle rentra bientôt en grâce par l’adresse de madame de Maintenon qui en étoit engouée, et il ne tint pas à ces deux femmes, qui intriguoient et correspondoient ensemble, dirigeoient toutes les affaires, faisoient et défaisoient les généraux au gré de leurs caprices et de leurs intérêts, que Philippe V ne perdît l’affection de ses peuples, et avec elles son royaume qui