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de ces fautes et de cette trahison pour fortifier leur ligue, en lui suscitant de toutes parts de nouveaux ennemis. Sur les sollicitations du roi d’Angleterre, le Danemarck entra dans la grande alliance, et il obtint de Charles XII, alors occupé de ses expéditions aventureuses dans le nord de l’Allemagne, sinon la coopération de la Suède, jusqu’alors l’alliée de la France, du moins sa neutralité. L’empereur, ou par menaces ou par séductions, entraîna enfin les princes, de l’Empire dans sa querelle, et, à l’exception de l’électeur de Cologne et de celui de Bavière, toute l’Allemagne se réunit à son chef, et déclara guerre

imputât pas d’avoir fait les premiers actes d’hostilité (principe aussi faux que dangereux). » (Hénault.)

Saint-Simon ajoute : « En Flandre, on ne fit que se regarder sans aucune hostilité. Ce fut une grande faute, émanée de ce même misérable principe de ne vouloir pas être l’agresseur, c’est-à-dire de laisser à ses ennemis tout le temps de s’arranger, de se concerter, et d’attendre le signal d’une guerre dont on ne pouvoit plus douter. Si, au lieu de cette fausse et pernicieuse politique, l’armée du roi eût agi, elle auroit pénétré dans les Pays-Bas, où rien n’étoit prêt ni en état de résistance, eût fait crier miséricorde aux ennemis au milieu de leur pays, les eût mis hors d’état de soutenir la guerre, auroit déconcerté cette grande alliance dont la bourse des Hollandois fut l’âme et le soutien, auroit rois l’empereur hors d’état de pousser la guerre, faute d’argent ; l’Empire n’auroit pas pris forcément, comme il le fit, parti pour l’empereur ; et, malgré la faute d’avoir rendu vingt-deux bataillons hollandois, on auroit encore obtenu la paix par les succès d’une seule campagne, et assuré la totalité de la monarchie d’Espagne à Philippe V. » (Liv. ii, ch. 3.)