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composa, pour l’ennemi, d’une suite de succès si extraordinaires, si contraires à toutes les chances probables qui devoient résulter de la situation des deux armées, que Catinat, contrarié en tout ce qu’il faisoit et par le duc de Savoie et par le prince de Vaudemont, soupçonna leur intelligence avec les Impériaux, et en avertit le roi. Les petites intrigues commençoient à se mêler aux grandes affaires : Catinat fut rappelé, et le maréchal de Villeroi, favori de Louis XIV, et protégé de M^{me} de Maintenon, le remplaça. Le général disgracié n’avoit point encore quitté l’armée, que la bataille de Chiari, donnée contre son avis et gagnée par les Impériaux, montra ce que l’on devoit attendre de son successeur ; et en effet, celui-ci crut à la bonne foi du duc de Savoie, par cela seul qu’on y croyoit à la cour, et se laissa jouer par lui et par le prince Vaudemont, autant qu’ils le trouvèrent bon. Tout resta dans une inaction calculée par ceux-ci-et favorable à l’ennemi, inaction qu’eus-*

Catinat de ne point s’opposer au passage du prince Eugène, pour n’avoir pas l’air de commencer les hostilités. Bien que, selon son usage, il ne cite à ce sujet aucune autorité, cet ordre de Louis XIV s’accorderoit très bien avec celui qu’il donna à l’égard des bataillons hollandois trouvés dans les villes de Flandre (voyez la note, p. 144) ; mais ce qu’il y a de certain, c’est que le prince Eugène avoit carte blanche et étoit véritablement le chef de son armée, et qu’il n’en alloit pas de même pour les généraux françois.