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l’air de s’occuper jamais de rien, et gâtoit souvent les affaires en y faisant entrer ses petites passions et ses petits intérêts. C’est ainsi que fut gouvernée la France pendant les dernières années de Louis XIV.

Et cependant telle avoit été la vigueur imprimée par tant d’hommes supérieurs à toutes les parties, si bien liées entre elles, de ce grand et beau royaume, qu’il put long-temps encore soutenir les efforts de l’Europe conjurée contre lui, malgré toutes les fautes que l’on commit, et qui furent, en quelque sorte, accumulées les unes sur les autres. La première fut de se priver du, seul bon général que l’on eût alors, pour n’avoir pas voulu ajouter foi aux avis qu’il donnoit, et dont l’expérience depuis ne prouva que trop la vérité. Catinat commandoit, dans le Milanois, les troupes auxiliaires de la France, à qui la guerre n’avoit point encore été déclarée, l’armée espagnole étant sous les ordres du prince de Vaudemont, et l’un et l’autre agissant sous ceux du duc de Savoie, nommé généralissime des armées combinées. Le prince Eugène, général de l’armée impériale, et qui commençoit alors sa carrière, depuis si brillante, étoit arrivé sur les bords de l’Adige, dont il força aussitôt le passage[1] ; et la campagne, ainsi commencée, se

1 Voltaire assure que ce fut le roi lui-même qui ordonna à