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à ce roi qu’ils dirigeoient à leur gré, que son génie seul faisoit tout ; qu’il n’y avoit point de capacité comparable à la sienne, tant dans la politique extérieure que dans l’administration intérieure ; qu’ils n’étoient entre ses mains que des instruments, et qu’ils n’avoient de prix que par la manière dont il savoit s’en servir. Il avoit cru fermement ce qu’ils lui avoient dit ; et c’étoit en l’abusant de la sorte qu’ils l’avoient gouverné. Aussi ne fut-il nullement troublé de leur perte, bien persuadé qu’il ne s’agissoit pour lui que de remplacer les instruments qu’il avoit perdus, et qu’un Chamillart ou un Voisin étoient tout aussi propres à recevoir ses ordres et à les faire machinalement exécuter qu’un Colbert où un Louvois. Plein de confiance en lui-même et en lui seul, il se mit donc à la tête des affaires ; la chambre à coucher de M^{me} de Maintenon devint celle du conseil ; suivant le fatal système inventé par Louvois, on y dressa les plans de campagne ; on y fit marcher, s’arrêter, reculer à volonté les généraux ; la plupart de ces généraux furent des hommes médiocres, quelques uns même très malhabiles, et dont le talent principal étoit d’être bons courtisans. La veuve de Scarron, devenue en réalité reine de France, et plus puissante auprès de son royal époux qu’aucune reine peut-être ne l’avoit jamais été, vouloit tout savoir, se mêloit de tout, sans avoir