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fameux sous le nom de la Grande-Alliance, fut signé entre les trois puissances, la Hollande, l’Angleterre et l’empereur.

Cette guerre, la seule de ce règne que l’on ne puisse pas accuser Louis XIV d’avoir injustement provoquée[1], fut de toutes la plus malheureuse ; et un de nos historiens se demande « par quelle fatalité ? [2] » Il n’y a point là de fatalité : les grands généraux et les ministres habiles étoient morts, et des successeurs dignes d’eux ne s’étoient point encore présentés. Les flatteries de Louvois et de Colbert avoient persuadé

1 Elle étoit juste sans doute, mais les réflexions suivantes de l’abbé de Saint-Pierre n’en méritent pas moins d’être remarquées : « Si, dit-il, depuis la paix de Nimègue il avoit donné jusqu’en 1700 des preuves de modération et de justice à ses voisins, il est vraisemblable que, lorsqu’en mourant Charles II appela le duc d’Anjou au trône d’Espagne, les Hollandois, les Anglois, les Italiens et les Allemands, excepté l’empereur, ne se seroient pas réunis pour donner cette couronne à l’archiduc, au préjudice de la famille d’un prince dont ils n’auroient pas redouté l’ambition. C’est donc encore à ce funeste défaut de Louis XIV qu’on doit attribuer la guerre désastreuse de la succession, dont on ne pourra jamais apprécier les dommages.

» Je me suis tant arrêté, ajoute-t-il, à prouver que ce monarque

pécha toujours par excès de vanité, qu’il étoit idolâtre de la fausse gloire, et qu’il ne connut jamais la véritable ; qui consiste à être modéré, juste et prudent ; j’ai insisté sur ce point, parce que cette fausse gloire a été son principal défaut, le principe de presque toutes ses entreprises ; qu’elle a causé les plus grands malheurs de sa vie, les plus grands malheurs de l’Europe et les plus grands malheurs de ses sujets. »

2 Le président Hénault.