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  • toient encore aux impressions qu’il en avoit reçues.

Achever d’abattre la noblesse en lui ôtant tout caractère et toute action politique, en réduisant à la nullité la plus absolue et les grands du royaume et les princes de son sang qui en étoient les chefs naturels, telle fut la maxime fondamentale de son gouvernement ; et la réduisant en système, il y persévéra jusqu’à la fin avec une suite et une opiniâtreté qui prouvent plus de force de volonté que d’étendue d’esprit : car enfin, et la suite le fera voir, ce système, poussé ainsi outre mesure, avoit de graves inconvénients. Tout ce qui pouvoit figurer à la cour y fut donc appelé pour y être nivelé, et confondu, sauf quelques frivoles distinctions de préséance, dans la foule des courtisans et des adorateurs du prince ; les gouverneurs de province eux-mêmes, choisis ordinairement dans la plus haute noblesse, n’eurent plus le choix d’habiter leurs gouvernements où ils auroient inquiété[1] ; ils ne tardèrent point

comme le point le plus important de l’art de régner ; du reste, il ne lui parloit jamais que vaguement des affaires, et employoit à son égard tous les moyens qu’il jugeoit propres à l’en distraire, à lui ôter la curiosité d’en savoir davantage (Reboulet, t. 1, p. 536, in-4o).

1 Jusqu’alors ils avoient passé leur vie presque entière dans les provinces qui leur étoient confiées, et où ils jouissoient d’une grande indépendance ; à peine en sortoient-ils une fois l’an pour aller faire leur cour au souverain ; et l’on conçoit ce que leur offroit d’avantages une telle position, soit pour se faire des