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manifeste[1] ; mais Louis XIV étoit le plus fort : il avoit donc évidemment raison, et pour en donner une preuve irrésistible, il s’empara à main armée du Comtat.

Cependant le souverain pontife n’en avoit pas moins continué, pendant toute cette guerre, de jouer son rôle accoutumé de médiateur de la paix entre les princes chrétiens ; et cette manière d’agir, bien qu’elle n’eût rien qui pût paroître extraordinaire et nouveau, avoit fort radouci le roi de France par la raison qu’il avoit besoin de cette paix, et qu’elle étoit, comme nous l’avons dit, l’objet de tous ses désirs. Innocent XI étant mort, il se trouva plus à son aise avec son successeur Alexandre VIII, et son orgueil eut moins à souffrir de faire auprès d’un nouveau pape quelques démarches pour arriver à une réconciliation. Elles n’eurent cependant pas un entier succès : Alexandre ne se montra pas

1 Après avoir passé en revue tous les prétendus griefs que le roi élevoit contre le pontife, et les avoir réduits à leur juste valeur, on y disoit, relativement aux desseins du prince d’Orange, « qu’en supposant qu’il eût des dispositions hostiles contre l’Angleterre, le meilleur moyen d’en empêcher l’exécution, et par suite le préjudice qu’en pourroit éprouver la religion catholique dans ce royaume, seroit de ne point engager sans sujet, et comme malgré eux, les princes chrétiens dans une guerre qui les mît hors d’état de secourir sa majesté britannique. » (Reboulet, t. 2, p. 399.) L’événement prouva que ce conseil étoit bon et en quelque sorte prophétique.