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un manifeste, puisqu’il lui ordonna de la rendre publique. Il y présente, comme, de véritables griefs dont il avoit à se plaindre, tout ce qu’il avoit lui-même entrepris contre le pape depuis 1681 ; accuse Innocent XI de haine personnelle contre la France[1] ; voit, dans ce qui s’est passé relativement à l’élection d’un évêque de Cologne, la cause immédiate des entreprises du prince d’Orange contre le roi d’Angleterre, et du triomphe du protestantisme dans ce royaume ; et en raison de tant de justes sujets qu’il avoit de se plaindre du père commun des fidèles, déclare que, quel que puisse être son attachement et son respect filial pour le Saint-Siége, attachement dont il ne vouloit jamais se départir, il ne pouvoit s’empêcher, en cette circonstance, de séparer le prince temporel du prince spirituel, et de faire provisoirement entrer ses troupes dans la ville d’Avignon, jusqu’à ce que justice lui eût été rendue. Il parut une réponse accablante à ce

1 C’est une accusation qu’en bon parlementaire le président Hénault n’a pas manqué de répéter : « La mort d’Innocent XI, ennemi déclaré de la France, arrivée le 12 août de l’année précédente (1690), et l’exaltation d’Ottoboni, sous le nom d’Alexandre VIII, suspendirent, dit-il, les différends de Rome et de la France. » A l’entendre, ne sembleroit-il pas qu’Alexandre VIII se montra beaucoup plus accommodant qu’Innocent XI ? Nous ne tarderons pas à voir ce qui en arriva, et ce que gagnèrent au change les libertés gallicanes.