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passionnés de nos libertés gallicanes, et elles en possèdent encore quelques uns ; mais pour quiconque voit, dans la trop célèbre déclaration, une des plus grandes calamités qui aient jamais désolé l’église de France, Colbert est jugé comme chrétien et comme homme d’état.

Nous avons un moment oublié ces discussions si malheureusement suscitées contre le roi de France et le chef de l’église : et cependant elles se trouvent encore mêlées aux événements de cette guerre, pendant lesquels elles furent même poussées jusqu’aux extrémités les plus fâcheuses pour finir ensuite tant bien que mal, et autant qu’il étoit alors possible d’en finir avec Louis XIV quand il avoit tort. Nous avons vu que l’affaire du cardinal de Furstemberg avoit jeté ce prince dans un emportement presque puéril contre Innocent XI : cet emportement redoubla lorsqu’il eut connoissance de la ligue d’Ausbourg ; il se persuada, ce qu’on a peine à concevoir, que le pape étoit le principal auteur de cette guerre générale prête à éclater contre lui ; et parmi les pièces curieuses de la diplomatie moderne, il n’en est point sans doute qui le soit davantage que la lettre qu’il écrivit au cardinal d’Estrées son ambassadeur à Rome[1], lettre que l’on peut considérer comme

1 Reboulet, t. 2, p. 396, in-4o.