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qu’il rendit florissante en France plus qu’elle ne l’avoit été jusqu’à lui, il n’y eut jamais de plus grand ministre que Colbert. Il faudroit sans doute le louer sans réserve, si, tout en administrant avec cette supériorité qu’on ne lui peut contester, son esprit se fût élevé au dessus du matériel de son administration, et si, non moins blâmable en ce point que son rival, il n’eût pas, comme lui, cherché à tout abattre sous le despotisme étroit dans lequel leurs basses flatteries avoient renfermé leur maître, et dont ils partageoient avec lui, et à l’ombre de son nom, les funestes prérogatives. Tout ce qui osoit résister à ce despotisme sans règles et sans bornes devoit être brisé. Ce n’étoit point assez que Louis XIV eût la plénitude du pouvoir temporel à un degré où aucun roi de France ne l’avoit possédé avant lui : il arriva, ainsi que nous l’avons vu, qu’un pape eut l’audace de ne pas se plier à toutes ses volontés ; il convint d’apprendre au pouvoir spirituel à quelle distance il devoit se tenir du grand roi, et, comme nous l’apprend Bossuet lui-même[1], les quatre articles sortirent à cet effet des bureaux du surintendant. Cette circonstance lui donnera sans doute un mérite de plus aux yeux des amants

1 Aveu exprès de Bossuet fait à son secrétaire confident, l’abbé Ledieu. (Hist. de Bossuet, l. vi, no  12, p. 161.)