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cause de la honte et des désastres qui marquèrent les dernières années d’un règne commencé avec tant de bonheur et de gloire.

Colbert avait précédé Louvois dans la tombe[1] : il entendoit les finances, le commerce, les manufactures, et toutes les branches de l’administration intérieure, aussi bien que Louvois entendoit la guerre ; et pour les admirateurs exclusifs de cette science industrielle

passage remarquable : « On a déjà vu les funestes obligations de la France à ce pernicieux ministre : des guerres sans mesure et sans fin pour se rendre nécessaire, pour sa grandeur, pour son autorité, pour sa toute-puissance ; des troupes innombrables qui ont appris à nos ennemis à en avoir autant, qui chez eux sont inépuisables, et qui ont dépeuplé le royaume ; enfin la ruine de la marine, de notre commerce, de nos manufactures, de nos colonies, par sa jalousie de Colbert, de son frère et de son fils, entre les mains desquels étoient les départements de ces choses, et le dessein trop bien exécuté pour culbuter Colbert, il reste à voir comment il a, pour être pleinement le maître, arraché les dernières racines des bons capitaines en France, et a mis l’État radicalement hors des moyens d’en plus porter, etc. »

En bon janséniste, le duc de Saint-Simon se garde bien de dire du mal de Colbert, qu’il vénéroit sans doute comme le principal auteur des libertés gallicanes. D’ailleurs, il est vrai de dire que les vices de son matérialisme administratif ne pouvoient être alors aperçus, et qu’il n’y auroit même rien à reprendre dans son système, s’il n’étoit démontré qu’il croyoit gouverner et non pas simplement administrer ; ne voyant rien au delà de sa besogne, et la monarchie tout entière existant pour lui dans les manufactures, les finances et le commerce.

1 Il étoit mort en 1683.