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possible avant lui ; mais sans parler ici des guerres injustes et impolitiques dans lesquelles il entraîna Louis XIV, guerres qui creusèrent pour la monarchie un abîme que rien n’a pu combler, et même en ne le considérant que comme ministre de la guerre, ce qui est son beau côté, il est important de remarquer que, sous ce rapport, il fut encore pernicieux à la France en voulant tout soumettre à ce mécanisme administratif qu’il avoit si singulièrement perfectionné. L’ordre du tableau dont il fut l’inventeur, et qui plut à un monarque absolu dont la politique étoit de tout niveler autour de lui, éteignit toute émulation, toute ardeur pour le service militaire, et détruisit l’école des grands capitaines. Le système de tracer les plans de campagne dans le cabinet, et de tenir ainsi les généraux en quelque sorte à la lisière, acheva ce que l’ordre du tableau avoit commencé ; et cette servitude de ceux qui commandoient ses armées plut encore à l’orgueil de Louis XIV. Une foule d’autres réglements, basés sur le même principe de servilité, achevèrent de dégrader le service dans tous les rangs de la hiérarchie militaire ; et Saint-Simon, qui en présente avec énergie et douleur le triste tableau[1], y voit, avec juste raison, la principale

1 Voyez ses Mémoires, liv. ier, ch. v. Voici le début de ce