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possédé qu’aucun autre de cette animosité contre Louis XIV, qui étoit devenue la passion commune de tous les princes de l’Europe, s’étoit montré l’égal des plus renommés capitaines, dans une suite de campagnes où il déploya toutes les ressources de l’art : également habile dans les siéges, dans les surprises, dans les retraites, dans les batailles rangées ; faisant avorter tous les plans d’un ennemi qui ne manquoit lui-même ni de courage ni d’habileté ; et toujours occupé de l’amener de revers en revers à changer de parti, sans pouvoir parvenir à vaincre ses préventions et son opiniâtreté. En Catalogne, la guerre, moins animée que sur les frontières du nord, n’en étoit pas moins favorable à nos armes : le maréchal de Noailles, qui la dirigeoit, avait enlevé aux Espagnols une grande étendue de pays qu’il avoit dévastée, les avoit taillés en pièces à la bataille de Berges, et s’étoit successivement rendu maître de presque toutes les places fortes qui défendoient cette province. Même bonheur sur mer : l’amiral Tourville, dès le commencement des hostilités, avait gagné la célèbre bataille de Wight sur les flottes combinées d’Angleterre et de Hollande ; de Pointis et Duguay-Trouin enlevoient les flottes marchandes de ces deux puissances, ou dévastoient leurs colonies ; d’Estrées bloquoit les ports des Espagnols et désoloit leurs côtes ; tandis que toutes