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qu’il vouloit atteindre. C’étoit le dépasser que de violenter ceux qu’on ne pouvoit ramener par la persuasion ; d’enlever de force les enfants à leurs familles pour les faire élever dans la religion catholique ; en même temps qu’on les persécutoit, de leur fermer, sous les peines les plus rigoureuses, les frontières de la France, pour les empêcher de se soustraire à la persécution ; et confondant ainsi avec les plus vils malfaiteurs des hommes égarés, opiniâtres peut-être dans leur erreur, mais enfin dont l’égarement et l’opiniâtreté n’étoient pas des crimes qui méritassent des peines infamantes, de remplir les prisons et les galères de ceux dont on avoit pu se saisir, lorsqu’ils contrevenoient à cette loi inique et barbare. Un grand nombre échappa ; et quoiqu’on ait fort exagéré le dommage qu’en éprouva la France dans son commerce et dans ses manufactures, il n’en est pas moins vrai de dire que ces réfugiés portèrent chez les étrangers qui les accueillirent beaucoup de procédés industriels qui, jusqu’alors, en avoient fait nos tributaires. Telle fut la révocation de l’édit de Nantes, légitime dans son principe, tyrannique dans son exécution[1].

1 Oui, sans doute, l’exécution de cette loi fut tyrannique ; mais il n’appartient de la trouver telle qu’aux catholiques, qui seuls connoissent l’esprit de douceur et de charité de la religion