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l’ordre qui y étoit observé, et combien elles étoient précieuses et rares. Je n’ai fait qu’en dire un mot à l’occasion de celles que le feu roi lui donna : les premières à MM. de Charost, père et fils, et les grandes, longtemps depuis, aux maréchaux de Boufflers et de Villars.

Il y avoit chez le feu roi trois sortes d’entrées fort distinguées, deux autres fort agréables, une dernière qui étoit comme entre les mains du premier gentilhomme de la chambre en année. La première sorte s’appeloit les grandes entrées. Les charges qui les donnoient sont celles de grand chambellan, des quatre premiers gentilshommes de la chambre en année ou non, de grand maître de la garde-robe et du maître de la garde-robe en année. Sans charge elles furent toujours très rares, et une grande récompense ou un grand effet de faveur ; je ne les ai vues qu’aux bâtards et aux maris des bâtardes, même des filles des bâtardes. De gens de la cour, le duc de Montausier pour avoir été gouverneur de Monseigneur, le premier maréchal de La Feuillade et le duc de Lauzun, qui en a joui seul sans charge bien des années jusqu’à la mort du roi. L’autre sorte d’entrées n’étoit que par les derrières. Ceux qui les avoient n’entroient jamais par devant, ni n’en jouissoient dans la chambre du roi à son lever, à son coucher ; ou quand ils y vouloient venir, ils n’entroient qu’avec toute la cour. Ils venoient donc par le petit degré de derrière qui donnoit dans les cabinets du roi, ou par les portes de derrière des cabinets qui donnoient dans la galerie ou dans le grand appartement, et entroient ainsi sans être vus dans les cabinets du roi à toutes heures, hors celles du conseil, ou d’un travail particulier du roi avec un de ses ministres. C’est ce que n’avoient point les grandes entrées ni aucune autre. Celles de derrière se trouvoient quand bon leur sembloit dans le cabinet du roi après le lever, où, pendant un quart d’heure et plus, le roi donnoit l’ordre de sa journée, parmi tous ceux qui avoient des entrées ; mais l’ordre donné, tout sortoit du cabinet, excepté