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et reçue par Leurs Majestés Catholiques, etc., à une journée de Madrid, où il se fait de belles fêtes. — Le chevalier d’Orléans, grand prieur de France, et le comte de Bavière, bâtard de l’électeur, faits grands d’Espagne. — Explication des diverses sortes d’entrées chez le roi, et du changement et de la nouveauté qui s’y fit. — Rétablissement des rangs et honneurs des bâtards, avec des exceptions peu perceptibles, dont ils osent n’être pas satisfaits. — Cardinal Dubois éclate sans mesure contre le P. Daubenton. — Cause de cet éclat sans retour. — Mort du prince de Courtenay. — Détails des troupes et de la marine rendus aux secrétaires d’État. — Duc du Maine conserve ceux de l’artillerie et des Suisses, et y travaille chez le cardinal Dubois. — Maulevrier arrivé de Madrid, où Chavigny est chargé des affaires, sans titre. — Mariage de Maulevrier-Colbert avec Mlle d’Estaing, et du comte de Peyre avec Mlle de Gassion. — Mort de la princesse de Piémont (palatine Soultzbach) ; du duc d’Aumont ; de Beringhen, premier écuyer du roi ; de la marquise d’Alègre ; de Mme de Châteaurenaud et de Mme de Coëtquen, sœur de Noailles ; du fils aîné du duc de Lorraine. — Cardinal Dubois préside à l’assemblée du clergé. — La Jonchère à la Bastille. — Le Blanc exilé. — Breteuil secrétaire d’État de la guerre. — Cause singulière et curieuse de sa fortune. — Son caractère.


Cette année [1723], dont la fin est le terme que j’ai prescrit à ces Mémoires, n’aura ni la plénitude ni l’abondance des précédentes. J’étois ulcéré des nouveautés du sacre ; je voyois s’acheminer le complet rétablissement de toutes les grandeurs des bâtards, j’avois le cœur navré de voir le régent à la chaîne de son indigne ministre, et n’osant rien sans lui ni que par lui ; l’État en proie à l’intérêt, à l’avarice, à la folie de ce malheureux sans qu’il y eût aucun remède. Quelque expérience que j’eusse de l’étonnante faiblesse de M. le duc d’Orléans, elle avoit été sous mes yeux jusqu’au prodige lorsqu’il fit ce premier ministre après tout ce que je lui avois dit là-dessus, après ce qu’il m’en avoit dit lui-même, enfin de la manière incroyable à qui ne l’a vu comme moi, dont je l’ai raconté dans la plus exacte vérité. Je n’approchois plus de ce pauvre prince à tant de grands et utiles talents enfouis, qu’avec répugnance ; je ne pouvois m’empêcher