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vêtements qu’ils avoient à l’église pour aller au banquet royal. C’est donc une faute et une nouveauté s’il en a été usé autrement, sinon une lourde méprise aux relations de l’avoir dit, et un oubli d’avoir omis quel fut l’habit que ces relations prétendent que le roi prit dessous son manteau royal pour aller au festin.

À l’égard des deux nouveautés, l’une fut faite pour tout confondre, l’autre par une lourde imprudence qui vint d’embarras. La première fut de faire manger à la table des pairs ecclésiastiques les évêques de Soissons, Amiens et Senlis, comme suffragants de Reims, sans aucune prétention ni exemple quelconque en aucun festin royal du sacre avant celui-ci. La suffragance de Reims n’a jamais donné ni rang ni distinction ; c’est la seule pairie qui les donne. Cela est clair par le siège de Soissons, qui n’en a point, quoique premier suffragant, quoique cette primauté de suffragance lui donne le droit de sacrer les rois en vacance du siège de Reims, ou empêchement de ses archevêques ; et le siège de Langres, dont l’évêque est duc et pair, et toutefois suffragant de Lyon. Jamais qui que ce soit, avant ce sacre, n’avoit été admis à la table des pairs ecclésiastiques ; aussi dans cette entreprise n’osa-t-on pas y mettre d’égalité. Les pairs ecclésiastiques étoient à leur table en chape et en mitre, comme ils y ont toujours été, de suite et tous six du même côté, joignant l’un l’autre, l’archevêque de Reims à un bout avec son cortége de chapes derrière lui debout, et sa croix et sa crosse portées par des ecclésiastiques en surplis devant lui, la table entre-deux, et l’évêque de Noyon à l’autre bout. Les trois évêques, qu’on peut appeler parasites, furent en rochet et camail, et apparemment découverts, puisque les relations taisent le bonnet carré, et placés de l’autre côté de la table, et encore au plus bas bout qu’il se put, vis-à-vis des trois évêques comtes-pairs. Outre le préjudice de la dignité des pairs dans une cérémonie si auguste, et où ils figurent si principalement, c’étoit manquer de respect au