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se trouve au jubé. Dès que le roi y est assis, la grande couronne est déposée à celui qui est choisi pour la porter, et c’est le roi lui-même qui prend la petite couronne et qui se la met sur la tête, qui se l’ôte et se la remet toutes les fois que cela est à faire. Je ne sais si les relations sont ici fautives, il seroit bien plus étrange qu’elles ne le fussent pas. La raison de cela est évidente ; et quand il va à l’autel pour l’offrande et pour la communion, et qu’il en revient au jubé, c’est après avoir ôté sa petite couronne, qui demeure sur son prie-Dieu au jubé, et les pairs lui tiennent la grande couronne sur sa tête, excepté, pour ces deux occasions, l’archevêque de Reims qui demeure à l’autel.

Les relations ne disent pas un mot des fonctions de l’évêque-duc de Langres, ni des évêques-comtes de Châlons et de Noyon [1].

Il y eut, au festin royal, ou une faute dans le fait, ou une méprise dans les relations si la faute n’a pas été faite, et deux nouveautés qui n’avoient jamais été à pas un autre festin du sacre avant celui-ci. La faute ou la méprise est que les relations disent que le roi étant revenu de l’église en son appartement, on lui ôta ses gants pour les brûler, parce qu’ils avoient touché aux onctions, et sa chemise pour la brûler aussi par la même raison ; qu’il prit d’autres habits que ceux qu’il avoit à l’église, reprit par-dessus son manteau royal, et conserva sa couronne sur sa tête. Les gants ôtés et brûlés, cela est vrai et s’est toujours pratiqué, d’abord en rentrant dans son appartement, la chemise aussi ; mais, à l’égard de la chemise, ordinairement elle n’est ôtée qu’après le festin, lorsque le roi, retiré dans son appartement, quitte ses habits royaux pour ne les plus reprendre. Que si quelquefois il y a eu des rois qui ont changé de chemise avant le festin royal, ils ont repris tous les mêmes

  1. On a vu plus haut (t. IX, p. 445-446), quelles étaient les fonctions de ces évêques à la cérémonie du sacre.