Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 19.djvu/415

Cette page n’a pas encore été corrigée

et publiques et autorisées. Elle demande un court récit. Le peuple, qui depuis assez longtemps fait le troisième ordre, mais diversement composé, le peuple, dis-je, simple peuple ou petits bourgeois, ou artisans et manants, a toujours rempli la nef de l’église de Reims au moment que le roi y est amené. Il est là comme autrefois aux champs de Mars, puis de Mai, applaudissant nécessairement, mais simplement à ce qui est résolu et accordé par les deux ordres du clergé et de la noblesse. Dès que le roi est arrivé et placé, l’archevêque de Reims se tourne vers tout ce qui est placé dans le chœur, pour demander le consentement de la nation. Ce n’est plus, depuis bien des siècles, qu’une cérémonie, mais conservée en tous les sacres, et qui, suivant même les relations des gazettes, et autres autorisées et publiées, l’a été en celui-ci. Il faut donc que, comme aux anciennes assemblées de la nation aux champs de Mars, puis de Mai, puisque cette partie de la cérémonie en est une image, que la nef soit alors remplie de peuple pour ajouter son consentement présumé à celui de ceux qui sont dans le chœur, comme dans ces assemblées des champs de Mars, puis de Mai, la multitude éparse en foule dans la campagne, acclamoit, sans savoir à quoi, à ce que le clergé et la noblesse, placés aux deux côtés du trône du roi, consentoit aux propositions du monarque, sur lesquelles ces deux ordres avoient délibéré, puis consenti. C’est donc une faute énorme, tant contre l’esprit que contre l’usage constamment observé en tous les sacres jusqu’à celui-ci, de n’ouvrir la nef au peuple qu’après l’intronisation au jubé.

On se sert au sacre de deux couronnes : la grande de Charlemagne, et d’une autre qui est faite pour la tête du roi, et enrichie de pierreries. La grande est exprès d’une largeur à ne pas pouvoir être portée sur la tête, et c’est celle qui sert au couronnement. Elle est faite ainsi pour donner lieu aux onze pairs servants d’y porter chacun une main au moment que l’archevêque de Reims l’impose sur la tête du roi,