Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 19.djvu/413

Cette page n’a pas encore été corrigée

quelques mois auparavant celui-ci, où mon père étoit nommé comme portant une de ces offrandes. J’eus beau dire, publier et déclarer alors, que c’étoit une faute absurde dans la prétendue relation de ce livre du sacre du feu roi ; que c’étoit mon oncle, frère aîné de mon père, et chevalier de l’ordre en 1633, en même promotion que lui, qui porta un des honneurs, et non mon père, qui étoit alors depuis longtemps à Blaye, et qui y demeura longtemps depuis, fort occupé pour le service du roi contre les mouvements, puis de la révolte de Bordeaux et de la province. Ce même service occupoit beaucoup de pairs dans leurs gouvernements, et en fit manquer pour la représentation des anciens pairs au sacre, en sotte que si mon père se fût trouvé à Paris, il eût représenté un de ces anciens pairs, puisqu’à leur défaut il fallut avoir recours à un duc non vérifié, ou, comme on parle, à brevet, qui fut M. de Bournonville, père de la maréchale de Noailles.

Cette fausseté n’avoit pas été mise pour rien dans ce livre répandu exprès dans le public avec bien d’autres fautes. Le parti étoit pris. On avoit résolu de confondre les ducs avec des seigneurs ou autres qui ne l’étoient pas, de la manière la plus solennelle, et on en choisit un qui n’avoit garde de se refuser à rien, et conduit par des gens dont les chimères avoient le même intérêt. Ce fut le maréchal de Tallard, duc vérifié, et non pas pair, qui fut mis à la tête du comte de Matignon, de M, de Médavy, depuis maréchal de France, et de Goesbriant, tous chevaliers de l’ordre, et Tallard fit ainsi la planche inouïe et première de dette association, en même fonction d’un duc ; même d’un maréchal de France, avec trois autres qui ne l’étoient pas, et qui n’avoit jamais été faite par un maréchal de France, beaucoup moins par un duc.

À l’égard des quatre barons de la sainte ampoule, placés vis-à-vis, ce fut une indécence tout à fait nouvelle, accordée à leur curiosité de voir le sacre, et c’en fut une autre bien