Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 19.djvu/384

Cette page n’a pas encore été corrigée

Louis XI, pour ne remonter pas plus haut. Je ne fais ici que vous faire souvenir d’eux par quelques traits généraux. Vous avez assez lu, et vu encore des gens du temps des derniers, pour que ce peu que je vous en dis vous en rappelle tout le reste, et vous démontre que la peste, la guerre et la famine, qui de tout temps ont passé pour les plus grands fléaux dont la justice de Dieu ait puni les rois et les États, ne sont pas plus à craindre que celui d’un premier ministre, avec cette différence que celui-là seul se peut éviter : et que diriez-vous d’un prince prêt à essuyer la peste et la famine dans son royaume, à qui Dieu les montreroit prêtes à y fondre, et promettroit en même temps de l’en garantir à la moindre prière qu’il en feroit, qui non seulement ne daigneroit pas demander la délivrance de ces terribles fléaux, mais qui auroit la folie, ou si vous lui voulez donner un nom plus propre, qui seroit assez stupide pour les demander ? Tel est, monsieur, un prince qui fait un premier ministre quand il n’est pas dans les termes où se trouvèrent la fameuse Isabelle et votre incomparable aïeul, et dont le tact n’est pas juste ou assez heureux pour choisir un Ximénès ou un Richelieu.

« En voilà beaucoup, monsieur, poursuivis je ; mais ce n’est pas encore tout : permettez-moi de vous dire avec ma