Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 19.djvu/382

Cette page n’a pas encore été corrigée

du côté de d’Avaux, qui produisirent ces lettres si insultantes de Servien à d’Avaux, et les réponses de d’Avaux si pleines de sens, de modération et de gravité. Ce fut enfin la conduite de Mazarin, si absurdement confite en félonie, dont Servien avoit tout le secret, conséquemment toute l’autorité de la négociation, qui fit tout abandonner à d’Avaux au sein du triomphe des longs travaux de son génie et de sa politique, qui avoit su venir à bout de la paix du nord, où plus d’un siècle après il est encore admiré, et amener par là les choses à traiter et la plus glorieuse paix en Westphalie, pour venir traîner dans sa patrie, dont il avoit si bien mérité, y être sans crédit sous le vain nom de surintendant des finances, où il n’eut jamais la moindre autorité, ni la moindre part au ministère, dont il vit récompenser Servien à son retour.

C’est à Mazarin que les dignités et la noblesse du royaume doit les prostitutions, le mélange, la confusion, sous lesquels elle gémit, le règne des gens de rien, les pillages et l’insolence des financiers, l’avilissement de tout ordre, l’aversion et la crainte de tout mérite, le mépris public que font de la nation tous ces vils champignons dominant dans les premières places, dont l’intérêt à tout décomposer à la fin a tout détruit. Tel fut l’ouvrage du détestable Mazarin, dont la ruse et la perfidie fut la vertu, et la frayeur la prudence. Qui ne sera épouvanté des trésors qu’il amassa en moins de vingt ans de règne, traversés par deux furieuses proscriptions ? Il fut prouvé en pleine grand’chambre, au procès du duc Mazarin contre son fils, pour la restitution de la dot de sa mère, qu’elle avoit eu vingt-huit millions en mariage. Ajoutez à cela les dots de la duchesse de Mercoeur, de la connétable Colonne, de la comtesse de Soissons, même celle que trouva après la mort du cardinal Mazarin la duchesse de Bouillon, toutes filles de la seconde de ses soeurs, et les biens immenses qui ont fait le partage du duc de Nevers leur frère. Ajoutez-y les dots de la princesse