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et le premier de tous les ambassadeurs, qui l’ont tous. Les nonces, comme tous les autres archevêques et évêques d’Espagne, se contentent de la Seigneurie illustrissime, et ne prétendent point l’Excellence, même depuis que l’archevêque de Tolède l’a obtenue, fort peu avant que j’arrivasse en Espagne. C’est aussi la seule distinction qu’il ait par-dessus les autres archevêques et évêques.

Le duc d’Arcos, le duc de Veragua, le marquis de Bedmar, le comte d’Aguilar, le prince de Santo-Buono, le duc de Giovenazzo, tous grands d’Espagne, don Michel Guerra, le marquis Grimaldo, secrétaire d’État.

On l’a déjà dit, les conseillers d’État sont, ou plutôt étoient en Espagne ce que nous appelons ici ministres d’État. Aussi était-ce le dernier et le suprême but de la fortune et de la faveur. Mais depuis que la princesse des Ursins eut fait quitter prise aux cardinaux Portocarrero et d’Estrées, et à tous ceux qui avoient eu part au testament de Charles II, qui avoient mis Philippe V sur le trône, renfermé le roi d’Espagne avec la reine et elle, et changé toute la forme de la cour et du gouvernement, les fonctions de conseillers d’État tombèrent tellement en désuétude qu’il ne leur en demeura que le titre vain et oisif, sans rang ni fonctions quelconques, et sans autre distinction que de pouvoir aller en chaise à porteurs dans les rues de Madrid, avec un carrosse à leur suite, et l’Excellence. Aussi fut-ce uniquement pour donner l’Excellence à Grimaldo qu’il reçut le titre de conseiller d’État pendant que j’étois à Madrid. Je [la] lui donnois souvent avant qu’il l’eût par cette voie. Cela le flattoit, parce qu’il étoit glorieux et qu’il étoit peiné de travailler continuellement avec des ambassadeurs et avec des grands et d’autres qu’il falloit bien qu’il traitât d’Excellence, et dont il ne recevoit que la Seigneurie. Il m’en reprenoit quelquefois