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articles suppléés à celle de Dubois méritent seulement qu’on s’y arrête. Tous deux passent, comme chat sur braise, sur la préséance et sur l’entrée des cardinaux dans le conseil de régence. Ils sentoient l’inutilité de cette entrée et celle de tenter de me la faire trouver bonne et leur préséance supportable. Mais ce qui me parut admirable fut la qualification de Belle-Ile, dictée par Dubois, à la sortie du conseil de régence de ceux qui s’en trouvèrent blessés, qu’il traite de levée de masque et d’attentat authentique à l’autorité du roi. Mais que peuvent faire de plus respectueux les plus grands et les premiers d’un royaume que de se retirer dans une pareille occasion, et d’accommoder par cette modeste soumission ce qu’ils se doivent à eux-mêmes avec le respect qu’ils rendent même à l’injustice qu’on leur fait ?

Les maîtres des requêtes ne s’asseyent point au conseil des parties, où le roi n’est jamais, où son fauteuil est vide, où le chancelier, les conseillers d’État et les simples intendants des finances sont assis dans des fauteuils ; beaucoup moins le sont-ils au conseil des finances ou au conseil de dépêches [1], quand quelque affaire extraordinaire en amène quelqu’un rapporter devant le roi, où le maître des requêtes rapporteur est seul debout. Ils furent pourtant un an sans que pas un d’eux voulût venir rapporter au conseil de régence, où le fauteuil du roi étoit vide, et où M. le duc d’Orléans présidoit assis comme nous tous sur un siège ployant, parce que ces messieurs y vouloient rapporter assis, ou bien que ceux du conseil qui n’étoient pas officiers de la couronne ou conseillers d’État se tinssent debout comme eux. L’impertinence étoit évidente. Elle fut pourtant soufferte plus d’un an sans que personne se soit avisé de la traiter d’attentat ni de complot contre l’autorité du roi. C’est qu’ils n’étoient pas ducs, mais seulement maîtres des requêtes. Et

  1. On a indiqué la signification de ces mots conseil des parties, conseil des finances, conseil de dépêches, dans une note ajoutée au t. Ier des Mémoires de Saint-Simon, p. 445.