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la riche commanderie d’Aledo, de la manière suivante. Le marquis de Bedmar, président du conseil des ordres, chevalier de Saint-Jacques et de l’ordre du Saint-Esprit, se plaça dans un fauteuil de velours à frange d’or, loin, mais vis-à-vis de l’autel, ayant une table à sa droite, ornée et parée, sur laquelle étoient un crucifix, l’évangile, etc. Une vingtaine des plus considérables chevaliers de Saint-Jacques, avertis, grands et autres, étoient assis des deux côtés, vis-à-vis les uns des autres sur deux bancs couverts de tapis, en rang d’ancienneté dans l’ordre, les plus anciens étant des deux côtés les plus proches du marquis de Bedmar, et tous, ainsi que ceux qu’on va voir en fonctions, vêtus de leurs habits ordinaires, ayant par-dessus un grand manteau jusqu’aux talons, de laine blanche, avec l’épée de Saint-Jacques, bordé en rouge, sur le côté gauche. Ce manteau étoit ouvert par devant comme une chape de moine, et attaché autour de leur cou par de gros cordons ronds, de soie blanche, ajustés en sorte qu’ils faisoient quelques godrons [1] en tombant tous deux sur le côté gauche, plus bas que la broderie de l’ordre, terminés par deux grosses houppes de soie blanche, telles pour leur forme qu’on en voit en vert aux armes des évêques, à leurs chapeaux. Tous les chevaliers étoient couverts, et derrière eux force spectateurs debout. Le roi, la reine, le prince, la princesse des Asturies et leur accompagnement étoient dans une tribune, et moi dans une autre au-dessus de la leur, avec ce qui étoit de chez moi.

Le marquis de Santa-Cruz, portant le petit prince, vint de la sacristie par le côté de l’épître, longeant par derrière le banc des chevaliers, du même côté, avec assez de suite, mais d’aucuns chevaliers, et se tint quelques moments debout entre la tête du banc et la table, où le marquis de Bedmar, sans se découvrir, me parut se tourner et dire quelque

  1. Plis.