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d’Orléans aimoit et estimoit. Il étoit ami particulier de Grimaldo ; il m’avoit donné tous les siens, facilité une infinité de choses ; il n’y avoit sortes d’avances, de prévenances, d’amitiés, de services que je n’en eusse reçus. Pour le duc del Arco, M. le duc d’Orléans m’en avoit toujours paru content. Il étoit favori du roi, étoit grand d’Espagne de sa main, possédoit une des trois grandes charges, étoit aimé et estimé et dans la première considération. J’en avois d’ailleurs reçu toutes sortes de politesses, et il étoit de ceux qui venoient manger familièrement chez moi, sans prier’, surtout le soir, quand il en avoit le temps. Je crus même que ce choix plaisoit au roi d’Espagne, et ne pourroit que me faire honneur. Ces deux parrains furent fort approuvés en Espagne et pareillement de M. le duc d’Orléans et du cardinal Dubois.

Enfin j’écrivis au roi une lettre à part, outre celle d’affaires, pour le remercier des grâces que sa protection venoit de me procurer, parce que, tout enfant qu’il fût encore, tout lui devoit être rapporté. Je dépêchai un officier de bon lieu du régiment de Saint-Simon infanterie pour porter avec ces lettres le compte que je rendois du détail du mariage, en considération duquel je demandois pour lui une croix de Saint-Louis, la commission de capitaine et une gratification. On verra plus bas que ce n’est pas sans raison que je rapporte ici ces bagatelles. Mon courrier partit quelques heures avant moi de mon quartier de Villahalmanzo et fit diligence. Je suivis la route que la cour avoit prise par des montagnes où jamais voiture n’avoit passé. Les Espagnols sont les premiers ouvriers du monde pour accommoder de pareils chemins ; mais c’est sans solidité, et bientôt après il n’y paroît plus. La cour fut cinq jours en chemin jusqu’à Madrid. J’y arrivai un jour avant elle.

La princesse des Asturies se trouva incommodée sur la fin