Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 19.djvu/123

Cette page n’a pas encore été corrigée

mien, entre six et sept heures du matin, pour partir ensemble avec tous mes carrosses et nos suites pour aller saluer la princesse à Cogollos. C’étoit huit lieues à faire, c’est-à-dire seize de ce pays-ci, aller et venir. Il falloit avoir le temps de manger un morceau chez moi au retour, et nous trouver à Lerma pour l’arrivée de la princesse. Nous partîmes donc ensemble à sept heures précises, et les mules nous menèrent grand train. Nous fûmes introduits chez la princesse, qui achevoit de s’habiller. Nous lui fûmes présentés, puis je lui présentai le comte de Céreste, mes enfants, le comte de Larges et M. de Saint-Simon. La duchesse de Monteillano, les autres dames, Santa-Cruz aussi, firent tout ce qu’ils purent pour que la princesse nous dît quelque mot, sans avoir pu y parvenir. Ils y suppléèrent par toutes les civilités possibles. Nous n’avions pas de temps à perdre ; moins d’un quart d’heure acheva ce devoir, et nous revînmes chez moi manger un morceau à la hâte, qui fut servi à l’instant, et nous nous en allâmes aussitôt après à Lerma, dont bien nous prit, car nous n’y attendîmes pas une demi-heure.

Dès que j’y fus arrivé, je montai chez le marquis de Grimaldo, quoique je l’eusse vu chez lui la veille. Sa chambre étoit au bout d’une très grande salle où on avoit fait un retranchement pour servir de chapelle. J’avois affaire encore une fois au nonce. Je craignois qu’il ne se souvînt de ce qui s’étoit passé à la signature, et je ne voulois pas donner prise au cardinal Dubois. Je ne vis donc qu’imparfaitement la réception de la princesse, au-devant de laquelle le roi, la reine, qui logeoient en bas, et le prince, se précipitèrent, pour ainsi dire, presque jusqu’à la descente du carrosse, et je remontai vite à la chapelle, que j’avois déjà reconnue allant chez Grimaldo.

Le prie-Dieu du roi étoit placé vis-à-vis de l’autel, à peu de distance des marches, précisément comme le prie-Dieu du roi à Versailles, mais plus près de l’autel, avec deux carreaux