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CHAPITRE V.


1722. — Échange des princesses (9 janvier). — Usurpation des Rohan. — Ruses, artifices, manèges du prince de Rohan, tous inutiles auprès du marquis de Santa-Cruz, qui le force à céder sur ses chimères dans l’acte espagnol, dont j’ai la copie authentique et légalisée. — Présents du roi aux Espagnols, pitoyables. — Grands d’Espagne, espagnols, n’en prennent point la qualité dans leurs titres, et pourquoi. — Avances singulières que le cardinal de Rohan me fait faire de Rome ; leur motif. — Sottise énorme du cardinal de Rohan partant de Rome. — Échange des princesses dans l’île des Faisans. — Présents et prostitution de rang de la reine douairière d’Espagne, à qui je procure un payement sur ce qui lui étoit dû. — Je vais faire la révérence à Leurs Majestés Catholiques. — Matière de cette audience. — Conte singulièrement plaisant par où elle finit. — Le roi, la reine et le prince des Asturies vont, comme à la suite du duc del Arco, voir la princesse à Cogollos. — Je vais saluer la princesse à Cogollos, puis à Lerma, à son arrivée. — Chapelle. — J’y précède tranquillement le nonce, sans faire semblant de rien. — Rare et plaisante ignorance du cardinal Borgia, qui célèbre le mariage, dont la cérémonie extérieure est différente en Espagne. — Célébration du mariage, l’après-dîner du 20 janvier. — Je suis fait grand d’Espagne de la première classe, conjointement avec un de mes fils à mon choix, pour en jouir actuellement l’un et l’autre ; et la Toison donnée à l’aîné, sans choix. — Je donne à l’instant la grandesse au cadet. — Remerciement. — Compliments de toute la cour. — Je me propose, sans en avoir aucun ordre et contre tout exemple en Espagne, de rendre public le coucher des noces du prince et de la princesse des Asturies ; et je l’exécute, et je l’obtiens. — Bonté et distinction sans exemple du roi d’Espagne pour moi et pour mon fils aîné au bal, dont je m’excuse par ménagement pour les seigneurs espagnols. — Mesures que je prends pour éviter que le coucher public ne choque les Espagnols. — Vin et huile détestablement faits en Espagne, mais admirablement chez les seigneurs. — Jambons de cochons nourris de vipères, singulièrement excellents. —