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avoit servi avec distinction, et avoit perdu une jambe, mais par accident. Il n’avoit qu’une fille non plus que son frère.

Benavente, Pimentel. Cette maison est des plus grandes et des plus illustres de Portugal. J. Alphonse Pimentel avoit épousé J. Tellez de Menesez qui lui avoit apporté la ville et terre de Bergança, laquelle étoit fille du comte de Barcellos, et sœur d’Éléonore, femme de Ferdinand, roi de Portugal. Ce Pimentel passa de Portugal en Castille avec l’infante Béatrix, femme de Jean, premier roi de Castille. Henri III, roi de Castille, lui échangea Bergança pour Benavente en Léon, et l’érigea en comté en récompense de ses services, entre autres d’avoir défendu Bergança jusqu’à la dernière extrémité contre le roi Jean de Portugal. Cet échange et érection est de 1398, et c’est le titre de la grandesse qui est toujours depuis demeurée dans sa postérité masculine.

J’ai fort parlé du douzième comte de Benavente à l’occasion des seigneurs principaux qui étoffent lors du testament de Charles II et de l’avènement de Philippe V à la couronne d’Espagne [1]. Celui-ci, qui étoit sommelier du corps de Charles II, et qui le demeura de Philippe V, fut de la junte de la régence par le testament, et dans la suite fut un des cinq premiers Espagnols à qui Louis XIV envoya le collier du Saint-Esprit. Il étoit gendre du comte d’Ouate Guevara, et mourut fort vieux et fort considéré, et dans sa charge. Je n’ai point vu son fils qui avoit épousé une sœur du duc de Gandie-Borgia. Il passoit sa vie reclus dans ses terres dans une extrême dévotion, affolé des jésuites dont cinq ou six l’y assiégeoient toujours. Il y tenoit sa femme et ses enfants auxquels il ne donnoit rien, ne vouloit voir personne, et désoloit sa famille et toute sa parenté, qui, avec tous leurs efforts, n’avoient pu le tirer de cette obscurité ni le persuader de marier pas un de ses enfants, quoique fort riche. Ce qui

  1. T. III, p. 3 et suiv. Ce passage avait été supprimé dans les anciennes éditions, qui ne laissent pas de s’y référer.