Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 18.djvu/393

Cette page n’a pas encore été corrigée

suite se masquèrent en sauvages, où le feu prit à leurs habits, dont plusieurs moururent brûlés, dont Yvain fut un, sans avoir été marié. Ce fut le 30 janvier 1392.

Bernard, bâtard de Gaston Phoebus, comte de Foix, et l’aîné des trois autres bâtards, alla chercher fortune en Espagne dès 1367, y établit sa demeure, s’y distingua par sa valeur au service du comte de Transtamare contre Pierre le Cruel, roi de Castille, dont il étoit frère bâtard, mais qu’il vainquit et tua, et fut roi de Castille en sa place sous le nom d’Henri II. Bernard eut le bonheur de plaire, à Isabelle de La Cerda, dame de Medina-Cœli et du port Sainte-Marie, fille et seule héritière de Louis de La Cerda ou d’Espagne, prince des îles Fortunées, etc., petit-fils de Ferdinand, fils aîné de Castille et de Blanche, troisième fille de saint Louis, sur lesquels Sanche le Brave, après la mort du même Ferdinand son frère aîné, avant le roi Alphonse l’Astrologue, leur père, avoit usurpé la couronne de Castille. Cet heureux bâtard de Foix fit donc ce grand mariage si disproportionné de lui, et fut fait comte de Medina-Coeli. Il prit en plein et en seul le nom de La Cerda, et les armes au premier et quatrième partis [1], de Castille et de Léon, au second et troisième de France, et tous ces quartiers sans brisure, ainsi qu’il appartenoit à ces malheureux princes déshérités, pères de cette royale héritière. Les trois générations suivantes comtes de Medina-Coeli figurèrent fort à la guerre et dans l’État et par leurs alliances. La quatrième fut Louis II de La Cerda, servit si bien les rois catholiques contre les Mores, qu’en 1491 ils le créèrent duc de Medina-Coeli ; le troisième duc fut fait marquis de Cogolludo ; le sixième épousa l’héritière du duché d’Alcala. Son fils, le septième, épousa l’héritière des duchés de Ségorbe et de Cardonne, des marquisats

  1. Le mot parti, en terme de blason indiquait que l’écu était divisé de haut en bas en parties égales. Parmi ces compartiments, l’un contenait les armes de Castille, un autre les armes de Léon, et deux autres les armes de France.