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en Espagne, et connu comme son père sous le seul nom, de duc de l’Infantade.

Il est né en 1672 ; il est frère du comte de Galve, de la comtesse de Lemos, dont le mari est Portugal y Castro, et de la comtesse de Niebla, dont le mari est Perez de Gusman.

Cette branche de Silva Infantade étoit fort autrichienne, et vit passer la couronne d’Espagne dans, la maison de France avec tant de chagrin que le comte de Galve se jeta dans le parti de l’archiduc, puis dans ses troupes dès qu’elles parurent en Espagne. Le comte et la comtesse de Lemos, entraînés, dans les mêmes intérêts, furent pris par un parti des troupes du roi d’Espagne, comme ils alloient joindre celles de l’archiduc, et le duc de l’Infantade, qui n’osa en faire autant, donna jusqu’à la fin de la guerre toutes les marques qu’il put de son attachement au parti de l’archiduc. On s’assura longtemps du comte et de la comtesse de Lemos, qui donnèrent depuis toutes sortes de marques de repentir. Le comte n’avoir que sa grande naissance, sans aucun talent ni suite qui pût le faire craindre, et passoit sa vie à fumer, chose fort extraordinaire en Espagne, où on ne prend du tabac que par le nez. Il n’en étoit pas de même de la comtesse, pleine d’esprit et de grâces, et fort capable de nuire ou de servir. Mais cette ouverture d’esprit lui fit voir de bonne heure qu’il ne falloit pas attendre, mais tâcher de se raccommoder à temps, et elle y réussit, en sorte qu’elle regagna de la considération, et s’est toujours depuis très bien conduite à l’égard de la cour d’Espagne. Le comte de Calve ne put se détacher des Autrichiens : il les servit jusqu’à la fin de la guerre, et se retira à Vienne où il a vécu longues années, et y est mort assez obscurément sans avoir voulu venir jouir en Espagne de l’amnistie accordée par le traité de Vienne fait par Riperda, lors du renvoi de l’infante, comme firent beaucoup d’autres, ravis de quitter Vienne et de revenir jouir de leurs biens, de leurs proches et de leurs amis dans le sein de leur patrie.