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tirai rien à Paris ni en Espagne ; il n’étoit plus à Paris quand j’y revins.

J’ai rapporté ce qu’il y eut de plus important ou de plus remarquable de l’instruction en forme qui me fut donnée. Quelle qu’elle fût, elle satisfaisoit à tout avec le cérémonial de tous nos ambassadeurs en Espagne, depuis M. de La Feuillade, alors archevêque d’Embrun. J’eus plusieurs entretiens sur l’Espagne avec M. le duc d’Orléans et le cardinal Dubois ensemble ou séparément, et je n’imaginois pas qu’il se pût rien ajouter de nouveau, lorsque le cardinal Dubois me dit chez lui qu’il m’avertissoit de prendre la première place à la signature du contrat de mariage du roi, et à la chapelle aux deux cérémonies du mariage du prince des Asturies, et de ne la laisser prendre sans exception à qui que ce fût. Je lui représentai que cela ne se pouvoit entendre du nonce, à qui les ambassadeurs de France cédoient partout, même celui de l’empereur qui, sans difficulté, précédoit ceux du roi. Il répondit que cela étoit vrai et bon partout, excepté dans ce cas singulier et comme momentané, et que cela ne se pouvoit autrement. Ma surprise fut grande d’un ordre si étrange. J’essayai de le ramener peu à peu en le touchant par son orgueil, en lui demandant comment j’en userois avec les cardinaux, s’il s’en trouvoit quelqu’un en ces fonctions, et avec le majordome-major, qui répond, mais fort supérieurement, à notre grand maître de France. Il se mit en colère, me déclara qu’il falloit que j’y précédasse le majordome-major sans difficulté, et glissant sur celle des cardinaux, m’assura qu’il ne s’y en trouveroit point. Je haussai les épaules, et lui dis que je le priois d’y penser. Au lieu de me répondre, il me dit qu’il avoit oublié une chose essentielle, qui étoit de prendre bien garde à ne rendre la première visite à qui que ce fût sans exception. Je répondis que l’article des visites n’étoit point oublié dans mon instruction ; qu’elle portoit que j’en userois à cet égard comme avoit fait le duc de Saint-Aignan, et que l’usage, lequel il