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sous les rois d’Espagne de la maison d’Autriche comme ambassadeur de famille. Sur cet exemple, aucun ambassadeur de France vers Philippe V n’y en a fait, et je n’ai pas compris comment un fait si public, et si fréquemment réitéré par le changement de nos ambassadeurs, a pu échapper au cardinal Dubois et même à ses bureaux.

L’instruction me défendoit de recevoir chez moi Magny et les Bretons réfugiés en Espagne, et Marsillac ; de n’avoir pas la même incivilité pour ce dernier en lieux tiers que pour les autres, et de voir avec une civilité simplement extérieure le prince de Cellamare, qui portoit alors le nom de duc de Giovenazzo, et les parents et amis de la princesse des Ursins comme les autres.

Enfin, pour ne m’attacher qu’aux choses principales de l’instruction, elle ne me prescrivit rien en particulier sur les visites et le cérémonial, mais d’en user comme avoit fait le duc de Saint-Aignan, et le cardinal Dubois y joignit un extrait du cérémonial pratiqué par nos ambassadeurs en Espagne et à leur égard, depuis M. de La Feuillade, archevêque d’Embrun, mort évêque de Metz.

Je ne pouvois douter que je n’eusse affaire à un ennemi, et maître, après mon départ, de l’esprit de M. le duc d’Orléans. Je voulus donc avoir ma leçon faite jusque sur les plus petites choses, pour ne laisser à sa malignité que ce qu’il seroit impossible d’y dérober ; ainsi je lui fis à mi-marge plusieurs observations et questions, tant sur des choses portées par l’instruction que sur d’autres qui ne s’y trouvoient pas. Il répondit à côté assez bien et assez nettement. On verra bientôt où il m’attendoit.

Le cardinal Dubois n’oublia pas le P. Daubenton. L’instruction me prescrivit des compliments, des témoignages de reconnoissance du régent, de ses désirs empressés de la lui témoigner ; de lui dire que rien ne m’étoit plus recommandé que de prendre en lui une entière confiance. Cela fort étendu étoit accompagné d’un fort grand éloge. C’étoient