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souvent mention de lui dans ces mémoires, que je n’en dirai pas davantage. Il laissa peu de bien et tiroit du roi plus de soixante mille livres de rente, dont rien de susceptible de passer à son fils aîné, et il avoit plusieurs enfants. L’abbé de Louvois le suivit de fort près. Il mourut de la taille. Ce fut dommage : un homme d’esprit, savant, aimable, que les jésuites empêchèrent d’être placé, et qui eût été un très digne évêque, et qui auroit honoré et paré l’épiscopat.

Les conseillers d’État, de jour en jour devenus plus pointilleux par la tolérance de leurs prétentions, dont on n’avoit jamais ouï parler avant la difficulté que fit La Houssaye d’être en troisième après le comte du Luc au traité de Bade, qui mit le dernier sceau à la paix d’Utrecht, se plaignirent amèrement de ce que deux conseillers d’État commissaires généraux des finances depuis l’extinction des conseils, venus rapporter en manteau court des affaires de finances au conseil de régence, y avoient eu place au bout de la table, et y avoient opiné les derniers. M. le duc d’Orléans les amusa et s’amusa d’eux, et ces messieurs n’y gagnèrent rien que de faire rire.

Le comte de Koenigseck, ambassadeur de l’empereur, fit une entrée magnifique. Il se mêla fort avec la bonne compagnie, fit belle, mais sage dépense, et tant par la manière de traiter les affaires, que par sa conduite dans le monde, et l’agrément de la société, il se fit fort estimer et compter. Il n’a pas moins acquis de réputation à la tète des armées impériales.

Je ne rapporterois pas la bagatelle suivante, si elle n’étoit l’époque du silence entier, qui fut depuis elle religieusement gardé au conseil de régence, sur l’affaire de la constitution, dont on y parloit souvent par rapport aux querelles des évêques constitutionnaires dans leurs diocèses et avec les parlements, et dont on ne dit plus un seul mot depuis ; car du fond de l’affaire, il y avoit longtemps qu’elle ne se traitoit plus que dans le cabinet du régent. Les chefs