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chaussées, grands chemins, pavés de Paris, et y acquit toujours beaucoup d’honneur, et le marquis de Brancas, des haras qu’il laissa achever de ruiner. Ils conservèrent leurs appointements avec quelque augmentation. Ils étoient du conseil du dedans du royaume. Asfeld demeura de même chargé des fortifications et des ingénieurs, et le détail de la cavalerie et des dragons fut laissé au comte d’Évreux et à Coigny, leurs colonels généraux. On laissa à plusieurs conseillers réformés des conseils leurs appointements. Canillac refusa les siens. Il vouloit mieux et l’obtint bientôt ; il conduisit M. le duc d’Orléans à le prier de vouloir bien entrer dans le conseil de régence ; et Canillac, pour cette fois, voulut bien être complaisant.

Le cardinal de Noailles publia un mandement sur son appel, qui fut applaudi comme un chef-d’œuvre en tout genre. Quoique fort gros, il n’étoit que la première partie du total en attendant la seconde. Je n’en dirai pas davantage pour ne pas enfreindre la loi que je me suis faite de ne point entrer ici dans l’affaire de la constitution par les raisons que j’en ai alléguées. Il fit grand bruit et grand effet. Ce cardinal vit toujours M. le duc d’Orléans.

M. le Duc, qui vouloit plaire à M. le duc d’Orléans, dont il étoit extrêmement content depuis le dernier lit de justice, voulut donner une fête à Mme la duchesse de Berry, qu’il convia d’aller passer quelques jours à Chantilly. Ce voyage dura dix jours, et chaque jour eut différentes fêtes. La profusion, le bon goût, la galanterie, la magnificence, les inventions, l’art, l’agrément des diverses surprises s’y disputèrent à l’envi. Mme la duchesse de Berry y fut accompagnée de toute sa cour. Elle ne fit pas grâce d’une ligne de toute sa grandeur, qui eut lieu d’être satisfaite de tous les honneurs et de tous les respects qu’elle y reçut. Elle y eut, sans y déroger en rien, toute sorte de politesse pour M. le Duc et pour Mme la Duchesse douairière. À l’égard de l’épouse de M. le Duc, elle affecta une hauteur dédaigneuse,