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au parlement, mais les choses étoient trop changées pour les faux Montbéliard. Cette affaire si singulière avoit fait trop de bruit et avoit trop duré ; elle avoit à la fin été éclaircie de tous les artifices dont elle avoit été voilée. L’état de cette bâtardise étoit connu, celui de cet incestueux et abominable mariage ne le fut pas moins. Le monde s’indigna qu’une prétention si monstrueuse fût soufferte ; les dévots eurent honte à leur tour de l’avoir tant protégée ; tellement qu’il intervint enfin un arrêt contradictoire en la grand’chambre qui replongea cette canaille infâme dans le néant, d’où elle n’auroit jamais dû sortir, et cela sans plus d’espérance ni de ressource. La singularité de la chose et des personnages m’a engagé de couler cette affaire à fond, quoique sa durée et sa fin dépassent le but que je me suis proposé de bien des années. Le rare est que, malgré cet arrêt et son exécution pour le comté de Montbéliard, dont le duc de Wurtemberg fut mis en possession, cette rare bâtarde a eu l’impudence de conserver dans Paris son prétendu nom, titre, armes et livrées, qu’elle va traînant où elle peut, sans être presque plus reçue de personne. Reprenons maintenant le fil de notre narration.