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aussi pour des gens comme eux sont-ils demeurés dans l’obscurité.

La même duchesse de Duras et son mari marièrent leur fille aînée, qui n’avoit que quatorze [ans], au fils aîné du duc et de la duchesse de Berwick qu’on appela duc de Fitz-James, qui étoit aussi fort jeune, qui eut en se mariant dix mille livres de pension. Il mourut peu d’années après sans enfants. Sa veuve s’est depuis remariée au duc d’Aumont dont elle a des enfants.

Peu après, Chalmazel épousa Mlle de Bonneval, fille du frère aîné de celui qui a passé en Turquie, tous deux de bonne maison. Chalmazel étoit fils d’une sœur de Chamarande, goutteux, veuf et sans enfants, qui étoit riche ; mais lui étoit Talaru qui est une fort ancienne maison devers le Lyonnois, alliée à toutes les meilleures des provinces voisines.

Le prince d’Isenghien, qui n’avoit point d’enfants de ses deux femmes, épousa Mlle de Monaco, sœur de la duchesse de Valentinois, qui en fit la noce chez le comte de Matignon, son beau-père, avec qui elle demeuroit. M. de Monaco étoit à Monaco et n’en sortoit plus.

Parlant des Matignon, la seconde fille du maréchal de Matignon qui n’étoit plus jeune, et s’ennuyoit de n’être point mariée, épousa Basleroy, colonel de dragons. Son nom étoit La Cour, et si peu de chose, que son père, qui étoit riche, épousa pour rien la sœur de Caumartin, conseiller d’État, et se fit maître des requêtes ; il n’alla pas plus loin. Les Matignon outrés furent fort longtemps sans vouloir ouïr parler de Basleroy et de sa femme, et à la fin les virent et leur pardonnèrent. Le second fils du maréchal de Matignon épousa aussi Mlle de Brenne, fille d’une sœur de la duchesse de Noirmoutiers, qui en la mariant la fit son héritière.

La reine d’Espagne accoucha d’un prince qui fut appelé don Philippe, à qui on envoya le cordon bleu à l’exemple du feu roi qui en avoit usé ainsi envers les infants aînés de