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étoit belle et bien faite. Il avoit épousé une fille du duc de Rohan qui ne vouloit pas lui donner grand’chose, dont il n’eut point d’enfants, et qui a été une femme de mérite et d’une belle figure. Le père de ce prince de Berghes étoit gouverneur de Mons, qu’il défendit quand le roi le prit, et il est mort chevalier de la Toison d’or et gouverneur de Bruxelles.

Le duc de Perth mourut presque en même temps dans le château de Saint-Germain où il étoit demeuré. C’étoit un seigneur qui avoit quitté de grands établissements en Écosse, par fidélité pour le roi Jacques qui le fit gouverneur du prince de Galles. Sa femme étoit morte à Saint-Germain, dame d’honneur de la reine d’Angleterre, dont il étoit grand écuyer. C’étoit un homme d’honneur et de beaucoup de piété, qui valoit bien mieux que le duc de Melford son frère. Le roi Jacques les fit ducs tous deux, le dernier en mourant, comme on l’a vu en son lieu, et leur donna à tous deux la Jarretière.

Il se fit aussi plusieurs mariages. Mme de Biron, qui ne négligeoit rien, avoit su profiter de la place de son mari auprès de M. le duc d’Orléans, et captiver Law pour avoir gros, comme auparavant elle avoit su sucer plusieurs financiers, et quelques-uns jusqu’au sec pour sa protection. Le duc de Guiche, moyennant le besoin que le régent crut toujours avoir du régiment des gardes avoit tiré des monts d’or de Law. Il avoit déjà marié sa fille aînée au fils aîné de Biron. Ils firent encore un mariage d’une fille de Biron avec le second fils du duc de Guiche qu’on appeloit le comte de Grammont. En faveur de cette affaire M. le duc d’Orléans donna huit mille livres de pension à la nouvelle épouse.

Mlle de Bournonville, sœur de la duchesse de Duras, mais qui ne lui ressembloit en rien, épousa l’aîné de la maison de Mailly, duquel la mère étoit sœur du cardinal de Mailly ; ni l’un ni l’autre n’étoient pas faits pour la fortune,