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de la commission du conseil. Les sieurs de Pontcallet, de Talhouet, Montlouis et Coëdic [1], capitaine de dragons, y eurent la tête coupée. Il y en eut seize autres qu’on ne tenoit pas qui l’eurent en même temps en effigie, qui furent les deux frères Rohan du Poulduc, les deux frères du Groesker [2], les sieurs de Rosconan, Bourgneuf-Trevelec fils, Talhouet de Boisoran et Talhouet de Bonamour, La Boissière, Kerpedron de Villeglé, La Beraye, La Houssaye père, Croser, Kerentré de Goëllo, Melac-Hervieux et Lambilly, conseiller au parlement de Rennes. Les prisonniers avoient avoué la conspiration et les mesures prises pour livrer les ports de la Bretagne à l’Espagne, et y en recevoir les troupes, marcher en armes en France, etc., le tout juridiquement avoué et prouvé. On les avoit éblouis de les remettre comme au temps de leur duchesse héritière Anne, et de trouver la plupart de la noblesse de France prête à se joindre à eux pour la réformation du royaume sous l’autorité du roi d’Espagne, représentée en France par le duc du Maine. La bouche fut soigneusement fermée aux commissaires les plus instruits, et l’abbé Dubois sut mettre bon ordre à la conservation du secret, des détails sur le duc et duchesse du Maine qu’il avoit eu grand soin de faire élargir, et revenir avant d’achever les procès criminels de Nantes. Il se trouva tant de gens arrêtés et à arrêter sur les dépositions des prisonniers qu’après l’exécution réelle de ces quatre, et en effigie de ces seize, on envoya une amnistie pour tous les prisonniers et accusés non arrêtés, les uns et les autres non encore jugés, dont dix seulement furent exceptés, qui sont les deux frères Lescoët, les sieurs de Roscoët, Kersoson, Salarieuc l’aîné, Karanguen-Hiroët, Coargan, Boissy-Bec-

  1. Ce dernier est appelé, dans Lemontey(Hist. de la Régence, I, 246), du Courdic, capitaine réformé des dragons de Bellabre.
  2. Dugroesquar, d’après Lemontey(ibid). L’un était d’épée, et l’autre d’église, comme on disait alors. L’abbé Dugroesquar était un des chefs du mouvement et cherchait à lui donner de l’unité.