Page:Saint-Simon - Mémoires, Chéruel, Hachette, 1858, octavo, tome 17.djvu/45

Cette page n’a pas encore été corrigée

de cette démarche vers le régent sans aller au roi, et de la facilité de M. le duc d’Orléans dont ils avoient tant et si longuement abusé. Il ne fit aucune réponse au parlement de Bretagne, et trouva son interposition et sa lettre au parlement de Paris fort impertinente et séditieuse. Le parlement de Paris abattu de ce qui s’étoit passé au lit de justice, de la prison de trois de ses membres et de la réponse qu’il venoit de recevoir sur leur liberté, n’osa répondre au parlement de Bretagne qu’en termes fort mesurés et après avoir montré sa réponse au régent. Ce qui s’étoit passé à Paris avoit influé sur la Bretagne. De plus, à ce qu’il s’y méditoit, il n’étoit pas temps de rien témoigner. Le feu s’y entretenoit avec art et mesure. Ce fut pour cela qu’il lui fallut donner quelque pâture par ces lettres du parlement de Bretagne dont on vient de parler. Leur mauvais succès et la réponse du parlement de Paris au parlement de Bretagne, qui se sentoit si fort de la touche que le parlement de Paris avoit reçue, et dont il étoit encore dans le premier étourdissement, fit sentir à la Bretagne la nécessité d’amuser la cour par une déférence qui n’altéroit point ses sourdes mesures. Ainsi les états nommèrent les députés que la cour avoit choisis pour apporter à l’ordinaire leurs cahiers à Paris, en finissant leurs séances ; ils avoient précédemment obtenu qu’une députation par chaque diocèse s’y pût assembler entre deux tenues d’États, pour l’exécution de ce qui y étoit ordonné.

Cela étoit tout nouveau. Le spécieux de préparer et d’abréger les matières pour les États suivants, avoit surpris la facilité du régent. L’occupation présentée n’étoit pas celle qu’on s’y proposoit ; le dessein, comme les suites ne le firent que trop évidemment reconnoître, étoit de s’organiser entre eux, d’accroître le nombre pour remuer, embarquer, se fournir des moyens de soutenir des troubles, choisir les chefs et les affidés de chaque diocèse, de concerter leurs mesures pour conduire les états au but qu’ils se proposoient en fascinant la multitude du bien public, de la restitution