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aux princes du sang, et régent, ne songea pas à faire prier personne, de manière que les fiançailles se firent fort solitairement, et cette foule qui l’environnoit, hommes et femmes et de toutes qualités, jusqu’aux plus grands qui lui prostituoient toutes sortes de bassesses pour en obtenir et souvent en arracher des grâces, se tint chacun chez soi comme de concert pour n’avoir pas été conviée. Mme la duchesse d’Orléans le sentit et le régent s’en moqua. Le roi donna à Mlle de Valois un beau collier de diamants et de perles, et, une heure après les fiançailles, alla lui dire adieu au Palais-Royal, et voir Madame et M. [le duc] et Mme la duchesse d’Orléans. Le lendemain à midi le mariage fut célébré à la messe du roi avec la même assistance que la veille, et non plus. Au sortir de la messe le roi donna la main à la mariée et la conduisit à son carrosse, qui étoit au roi, et dit au cocher : « A Modène, » suivant l’usage. Le cortège étoit autour comme si elle fût partie en effet ; elle retourna au Palais-Royal, y eut quelque temps après la rougeole, ne reçut ni devant ni après aucunes visites de cérémonie, différa tant qu’elle put, partit enfin, abrégea toutes ses journées, augmenta les séjours et les allongea. Elle reçut divers avis de M. le duc d’Orléans sur cette conduite qui n’eurent pas grand effet, jusqu’à ce que, sur les plaintes réitérées du duc de Modène, le régent envoya des ordres si absolus qu’ils firent doubler le pas. Elle s’embarqua à Antibes où la duchesse de Villars et les dames prirent congé d’elle et prirent le chemin du retour.

Mme de Simiane, fille du comte de Grignan, chevalier de l’ordre, et de la fille de Mme de Sévigné, si connue par son esprit et par ses lettres, et veuve de M. de Simiane, premier gentilhomme de la chambre de M. le duc d’Orléans et lieutenant général de Provence, après son beau-père, demeura en Provence et n’en revint plus. Mme Goyon étoit fille de Mme Desbordes, qui avoit passé sa vie sous-gouvernante des enfants et des petits-enfants de Monsieur, quoique femme