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la princesse. Mlle de Valois en avoit, et le même genre de domestiques qu’elle pour la servir à table, et rien de tout cela pour aucune des dames de qualité qui mangeoient avec Mlle de Valois et la duchesse de Villars ; ces distinctions déplurent à ces dames ; mais ne les pouvant empêcher, elles firent en sorte que Mlle de Valois, qui s’arrêtoit partout et allongeoit tant qu’elle put son voyage jusqu’à un excès dont on se plaignit de Modène à M. le duc d’Orléans, se mit souvent à manger seule en public. La duchesse de Villars sentit l’affectation, mais ne voulut pourtant pas prendre le cadenas et les autres distinctions en mangeant avec les dames, lorsque Mlle de Valois mangeoit seule, quoique les duchesses les eussent toujours prises dans la vie ordinaire et commune jusque vers le milieu du règne du feu roi ; elle se contenta donc de rendre compte de l’affectation de manger souvent seule en public, sur quoi Mlle de Valois reçut un ordre de M. son père de manger toujours avec la duchesse de Villars et les dames, ce qui fut toujours exécuté depuis je dis ceci d’avance, pour n’avoir plus à y revenir, ainsi que tout ce qui regarde ce mariage.

Les fiançailles se firent à l’ordinaire dans le cabinet du roi, sur les six heures du soir, le dimanche Il février, par le cardinal de Rohan ; la queue de Mlle de Valois portée par Mlle de Montpensier sa sœur, depuis reine d’Espagne ; M. le duc de Chartres chargé de la procuration du prince de Modène. Il ne se trouva personne ou comme personne de la cour aux fiançailles, parce que rien n’est pareil aux fantaisies, aux hauts et aux bas des François. Il est très certain que les princes et les princesses du sang ont toujours prié à leurs fiançailles ; il ne l’est pas moins que les fils de France n’ont jamais prié aux fiançailles de leurs enfants. M. le duc d’Orléans étoit le premier petit-fils de France qui eût à marier ses enfants. Mme la duchesse de Berry épousant un fils de France n’étoit pas dans le cas ; il ne se présentoit qu’ici pour la première fois, et M. le duc d’Orléans, supérieur en rang